En septembre 2022, 50 piédestaux blancs ont orné la Nouvelle Place du Roi (Kongens Nytorv) à Copenhague, qui avait été rebaptisée « Nouvelle Place de la Reine » à l'occasion du festival d'histoire urbaine Golden Days. Les piédestaux, qui représentent certaines des femmes importantes, mais oubliées de l'histoire du Danemark, ont été construits par le cabinet d'architectes Arkitekturministeriet de Bo Benzon dans le cadre d'un projet mené en collaboration avec Golden Days, BIG, Meta, Accenture Song et Kunsthal Charlottenborg. Ils constituent le point culminant de l'exploration par le fondateur de ce que l'on peut créer avec le bois, et en particulier le contreplaqué.
Dans ce projet, le WISA-Spruce d'UPM, un matériau habituellement caché à l'intérieur des bâtiments, a pour une fois émergé à la surface, tout comme les femmes méconnues sur lesquelles portait l'œuvre d'art.
Grâce au parrainage d'UPM, Benzon a pu construire les piédestaux dans l'un de ses matériaux préférés, le contreplaqué WISA-Spruce d'UPM, malgré un budget limité. Cependant, la nuit précédant l'inauguration, douze des piédestaux ont été renversés par un groupe de personnes ivres. Heureusement, Benzon et ses collaborateurs ont réussi à mobiliser une vingtaine de personnes pour remonter et redresser les piédestaux, de sorte que tout était prêt pour l'inauguration, à laquelle participait également Sa Majesté la reine du Danemark.
« Au moins, cela a montré la durabilité du WISA-Spruce. Après tout, les piédestaux sont tombés comme des dominos et se sont entrechoqués avec une grande force, car les grandes colonnes contenaient également beaucoup de ballast. Malgré cela, les éraflures demeuraient légères, et il nous a suffi de poncer et de repeindre les piédestaux, qui étaient de nouveau comme neufs », raconte Bo Benzon. .
L'architecture pour changer le monde
Après avoir participé à la création du célèbre studio de design BIG, Bo Benzon a fondé sa propre entreprise il y a une quinzaine d'années. Il porte le nom d'Arkitekturministeriet, qui signifie ministère de l'architecture en danois, bien qu'il soit officiellement appelé AMPD, pour ne pas être confondu avec un véritable ministère.
Le thème principal d'Arkitekturministeriet a toujours été l'impermanence. « Nous ne travaillons pas avec du béton et des briques. Au contraire, nous décorons des restaurants, des boutiques, des stands de foire et des hôtels de ski, et nous créons des décors pour des clips, des émissions de télévision, des festivals et des magasins éphémères dans le monde entier ».
Photo: AMPD-Arkitekturministeriet
L'entreprise n'est pas un simple studio de design, c'est aussi un atelier. « Il s'agit d'une solution de A à Z où nous concevons et réalisons des projets en atelier et sur site. Souvent, nous les démontons également et pouvons aussi stocker les matériaux par la suite ».
L'une des premières grandes tâches d'Arkitekturministeriet a été de décorer l'hôtel de ville et la place centrale de Copenhague pour le sommet sur le climat COP15 en 2009. C'est là que Benzon a vraiment découvert le WISA-Spruce.
« Ce matériau est tout simplement formidable, il est doux et recherché, pas trop lourd, mais très résistant. Il est bien adapté aux projets temporaires, mais possède en même temps une durabilité impressionnante », explique l'architecte, qui est si habile de ses mains que beaucoup pensent qu'il est charpentier.
Depuis le sommet sur le climat, Arkitekturministeriet s'est occupé d'environ 1 500 projets, soit une moyenne de 100 par an. Et nombre de ses partenaires, tels que Golden Days et UPM, lui sont restés fidèles. Nombreux sont ceux qui lui ont fait confiance en cours de route, par exemple Maersk, Carlsberg, Red Bull, Zulu Comedy Gala et l'aéroport de Copenhague, pour ne citer qu'eux.
« C'est une question de passion et de joie, de faire quelque chose pour les autres et de créer un monde meilleur. Vous ne trouverez pas beaucoup d'entreprises qui vous diront qu'il ne s'agit pas uniquement de faire du chiffre, et c'est comme ça que nous nous démarquons ».
Du très bon bois
Le recyclage fait partie intégrante des activités d'Arkitekturministeriet, et WISA-Spruce est parfait pour la réutilisation, explique Bo Benzon. « Lorsque nous créons des décors, par exemple, qui ne sont utilisés que pendant une courte période, nous réutilisons beaucoup de contreplaqué, car ce matériau est intrinsèquement adapté au recyclage. »
Il cite la gare temporaire du festival de Roskilde, qu'il a conçue en 2017, comme exemple de ce que WISA-Spruce peut offrir. Le complexe de 90 mètres de long et 12 mètres de haut, qui est probablement la plus grande gare temporaire du monde, a été construit une première fois en 2018, puis une seconde fois l'année suivante. Pendant la pandémie de Covid en 2020 et 2021, la gare n'a pas été érigée, et la majeure partie du contreplaqué a été stocké à l'extérieur jusqu'à ce qu'il soit à nouveau utilisé pour le festival 2022.
Photo: AMPD-Arkitekturministeriet
« Ces panneaux non traités, qui sont simplement peints en rouge, sont restés dehors pendant cinq ans. Nous n'en avons changé que quelques-uns cette année pour des raisons purement esthétiques. Cela montre à quel point ce bois est d'excellente qualité », ajoute Bo Benzon, précisant que le contreplaqué a également été mis de côté pour l'année prochaine.
La brique Lego durable
Comme le montre l'exemple de la gare du festival de Roskilde, les solutions temporaires peuvent être très durables.
« La temporalité est la permanence de notre époque », déclare Bo Benzon, qui a maintenant élargi cette réflexion avec sa toute nouvelle société, Nova Tegra. Elle fabrique « la brique Lego durable et esthétique » construite, entre autres, en contreplaqué d'UPM : WISA-Spruce pour les structures et WISA-Birch pour l'intérieur.
Les six premières briques Lego standard, créées dans les années 1940, peuvent être assemblées de plus de 915 millions de façons différentes, et c'est ce que Bo Benzon vise également avec la brique Nova Tegra. L'analogie ne s'arrête pas là, puisque les briques Nova Tegra peuvent également être démontées et utilisées dans de nouvelles constructions, tout comme les briques Lego.
« Imaginez que vous êtes étudiant et que vous disposez d'un module en bois. Puis, vous rencontrez quelqu'un, et nous ajoutons un module supplémentaire. Ensuite, vous avez des enfants, et on ajoute deux modules jusqu'à ce que vous ayez une famille à l'italienne, avec les grands-parents, les petits-enfants et les enfants adultes qui ne quittent pas le domicile familial : on arrive alors à 48 modules. Et à mesure que vous vieillissez, vous réduisez à nouveau les modules », envisage Bo Benzon.
« Tout comme vous respirez avec vos poumons, votre maison s'ouvre et se rétracte en fonction de vos besoins. Selon moi, c'est cette vision que nous devrions avoir pour bâtir le monde. »
Photo: Nova Tegra
Bo Benzon utilise des fondations dites « à vis », où une énorme vis en acier, en partie constituée d'acier recyclé, est vissée directement dans le sol. « L'objectif est véritablement de ne laisser aucune trace. Nos constructions peuvent tenir pendant 100 ans, 200 ans, mais peuvent aussi être déplacées en un après-midi ».
Une révolution verte
L'architecte est animé par une vision passionnée d'une société meilleure. Au cours de l'entretien de deux heures, nous abordons un large éventail de sujets : du Big Bang aux réglementations en matière de sécurité incendie, et à peu près tout ce qui se trouve entre les deux.
« Les politiciens disent que nous manquons de solutions face à la question climatique. Mais c'est faux ! Ces solutions existent depuis 50 ans. Ce qui nous fait défaut, c'est cette capacité à nous ajuster psychologiquement pour supprimer les règles qui n'ont pas de sens », dit Bo Benzon, citant Charles Darwin : « Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements. » ."
Texte : Sara Steensig
Image principale: Bo Benzon